StreetPress révèle des discussions racistes entre policiers et gendarmes sur un groupe Facebook, alors que Mediapart et Arte Radio diffusent des propos appelant à la guerre raciale.
Sale temps pour la Police. Dans la lignée du meurtre de George Floyd aux Etats-Unis et du rassemblement à Paris pour demander justice dans l’affaire Adama Traoré, les accusations de racisme dans la police s’enchaînent. Dans une enquête publiée ce jeudi, StreetPress dévoile des échanges sur un groupe Facebook privé et réservé aux forces de l’ordre. Baptisé « TN Rabiot Police Officiel », le groupe rassemble 8000 personnes. Le site d’information, qui a réussi à s’y infiltrer, dénombre des centaines de messages racistes, sexistes ou homophobes et des appels au meurtre.
Les commentaires et les photomontages affluent au gré de l’actualité : Camélia Jordana y est traitée de « pute » qui « aurait dû rester sur le trottoir ». Concernant le rassemblement pour Adama Traoré, un policier « doute qu’on soit encore en France » et un autre estime que c’est « toujours les mêmes qui bravent tous les interdits dans ce pays. Les gauchiasses puants et immigrés qui ne fera même pas 1/10 du quart de ça chez eux ». Un photomontage, construit à partir du fameux mème mettant en scène des porteurs de cercueil noirs, se moque du blessé de Villeneuve-la-Garenne, de Zyed et Bouna, et de Sabri et Kémyl. StreetPress documente son enquête avec de nombreuses impressions écran.
Mardi dernier à l’Assemblée nationale, Christophe Castaner avait assuré que « chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes » ferait « l’objet d’une enquête, d’une décision, d’une sanction ». Deux jours après, c’est un exercice grandeur nature pour le ministre de l’Intérieur, qui a saisi la justice pour « faire toute la lumière » sur cette affaire.
Des policiers se préparent à la guerre raciale
L’enquête de StreetPress coïncide avec de nouvelles révélations de Arte Radio et de Mediapart, à propos d’une affaire qui démarre en décembre 2019 à Rouen avec la plainte d’un policier noir contre six de ses collègues. Alex aurait découvert l’existence d’une discussion WhatsApp dans laquelle il était la cible de propos racistes. Une enquête avait été ouverte par l’inspection générale de la police nationale (IGPN). Ce jeudi, Arte Radio diffuse certains de ces messages vocaux : « bougnoules », « nègres », « fils de pute de juifs » sont des termes fréquemment utilisés. L’un des agents se réjouit d’avoir effectué le paiement de son fusil d’assaut, quand un autre espère « une guerre civile raciale bien sale, il faut qu’ils crèvent ces chiens ». Ils n’hésitent pas à se revendiquer du fascisme et du « nationalisme racialiste ».
Policier noir, Alex a découvert un groupe de messages audio de ses collègues sur WhatsApp. Des propos racistes et sexistes assumés qui vont parfois jusqu'au fascisme et au suprémacisme blanc. Une écoute terrible et nécesssaire. #RacismeDansLaPolice
— ARTE_Radio (@ARTE_Radio) June 4, 2020
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Le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, a annoncé le renvoi des policiers concernés en conseil de discipline. Il ajoute que « la police en France n’est pas raciste. Elle souffre de ces comportements qui ne correspondent en rien aux valeurs républicaines qu’elle défend ». En attendant, les six policiers sont toujours en poste.