La présidente du FN entend « élargir la loi de 2004 » et interdire le port du voile et de la kippa dans l’espace public, y compris les entreprises. Mais pas le port de la croix.
La présidente du Front national a expliqué lundi matin sur RMC pourquoi, selon elle, « il est temps d’élargir la loi de 2004 » qui avait prohibé le port de signes religieux à l’école : il s’agit « d’interdire au nom de la laïcité tous les signes ostentatoires dans l’espace public, ce qui permettra également de les interdire dans les entreprises. »
Mais si la dirigeante du FN vise le port du voile ou de la kippa, elle n’estime pas que le port d’une croix serait concerné.
« Les grandes croix, ça n’existe pas. Je vais vous expliquer quelque chose : la religion catholique n’a pas de signe ostentatoire et pour une raison simple, c’est peut-être parce c’est elle qui a inventé en réalité la laïcité. Il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Donc il n’existe pas de signe ostentatoire de la religion catholique » a martelé la présidente frontiste, prenant quelque liberté avec l’histoire, comme le souligne Europe 1, la laïcité et la loi de 1905 en France ayant été portées par différents philosophes et courants de pensée.
Les propos de la candidate du FN pour 2017 ont été critiqués tout aussitôt par François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, invité de RMC au moment où Marine Le Pen s’est exprimée, en appelant la radio elle-même pour préciser des propos tenus antérieurement.
« De l’huile sur le feu »
« Ce n’est pas sérieux. L’espace public est précisément l’endroit où peut s’exprimer la liberté de conscience, la liberté de sa religion, d’être religieux ou pas » a expliqué François Clavairoly. Selon lui, « il faut cesser d’humilier l’Islam ».
Et de plaider encore : « Nous sommes dans un pays de liberté. La plupart des pays d’Europe vivent une laïcité apaisée il ne faut pas mettre de l’huile sur le feu ».
Alors candidate à l’élection présidentielle, dans son programme, Marine Le Pen avait souhaité en 2012 interdire les signes religieux « pour les agents comme pour les usagers du service public ». Mais après le scrutin, elle était allée plus loin dans un entretien accordé au Monde et s’était déclarée en faveur d’une interdiction du voile et de la kippa dans « les magasins, les transports, la rue »…
La présidente du FN avait même précisé qu’une « dictature laïque » était préférable à une « dictature religieuse ».