Le professeur Raoult cristallise le combat contre le Covid-19. Alors que certains le vénèrent et d’autres l’exècrent, le microbiologiste publie une deuxième étude vantant la chloroquine.
On ne parle que de lui depuis deux semaines. Didier Raoult, professeur en biologie et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille, multiplie les tests pour guérir le Coronavirus, qui a fait 3 024 morts en France et plus de 35 000 dans le monde. Selon lui, la chloroquine pourrait être à la base du remède contre le Covid-19.
Une deuxième étude plus large
La première étude de Didier Raoult se basait sur 24 personnes et faisait état de la guérison des trois quarts des patients au bout de six semaines. Cette fois, la deuxième étude a été pratiquée sur un échantillon de 80 malades, dont la moitié âgée de moins de 52 ans, traités pendant 3 à 10 jours par une association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, un antibiotique pulmonaire. D’après les résultats, 65 d’entre eux connaissent une « évolution favorable », 12 ont été mis en oxygénothérapie et ont pu être guéris, 3 ont été placés en soins intensifs et une personne âgée de 86 ans est décédée. Conclusion : après huit jours de traitement, 93% des patients ont une charge virale négative.
Le microbiologiste précise que la chloroquine montre son efficacité essentiellement au premier stade de la maladie, et qu’elle serait en mesure de limiter les risques de propagation. Pas de quoi convaincre la communauté scientifique, qui pointe encore une fois un manque de rigueur dans la méthodologie. Elle fustige notamment l’absence de groupe témoin, c’est-à-dire des patients qui n’auraient reçu aucun traitement ou placebo.
Le Professeur Raoult déchaîne les passions
Alors que le professeur tente de trouver l’antidote au Covid-19, le monde se divise désormais entre les anti et les pro-Raoult, quitte à alimenter les thèses les plus complotistes. Cette bataille se livre jusque sur les plateaux TV, où il ne se passe pas une demi-journée sans que le débat se focalise autour du prophète de la chloroquine. En témoigne le coup d’éclat de Daniel Cohn-bendit dimanche soir, qui n’a pas hésité à exiger du professeur qu’il « ferme sa gueule », ou le philosophe Raphaël Enthoven qui juge que « l’allure de Didier Raoult est un mélange de science et de rock’ n roll ». De l’autre côté du spectre, on trouve des personnalités, comme Laeticia Halliday ou Booba, qui prennent publiquement position pour Didier Raoult. C’est le cas également de Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé et membre du Conseil d’Administration de l’IHU Marseille dirigé par Didier Raoult, qui demande à Emmanuel Macron et à Olivier Véran de permettre « la prescription de la chloroquine aux malades avant qu’il ne soit trop tard ».
En attendant, le Gouvernement a publié jeudi un décret encadrant la délivrance du traitement à base de chloroquine, les prescriptions restant soumises à des conditions strictes. De leur côté, les Etats-Unis ont autorisé l’usage de la chloroquine à l’hôpital