Les fumeurs pourraient avoir moins de chances de contracter le Covid-19. C’est ce que révèle une étude menée par une équipe de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.
Le constat est mondial : il y a très peu de fumeurs parmi les malades atteints du coronavirus. Révélée ce mercredi par France Inter, Une étude menée à la Pitié Salpêtrière (Paris) par une équipe de médecine interne confirme la tendance.
Les fumeurs moins touchés par le Covid-19
Depuis le début de l’épidémie, de nombreuses observations concordantes montrent qu’il y avait une faible proportion de cas positifs chez les fumeurs. Par exemple, les détenus incarcérés et les résidents d’hôpitaux psychiatriques, deux populations qui consomment énormément de tabac, sont peu atteints. Fin mars, une étude chinoise montrait déjà que, sur un échantillon de 1 000 personnes infectées, seulement 12,6% étaient fumeurs, contre 28% de fumeurs dans la population chinoise. Les données de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sont également sans appel : 8,5% des 11 000 patients hospitalisés depuis début avril sont fumeurs alors que le pays comptent 25,4% de fumeurs quotidiens.
Une étude est alors lancée par la Pitié Salpêtrière sur 350 patients hospitalisés et 130 patients légers accueillis en ambulatoire, tous atteints du virus. Le résultat est une nouvelle fois concluant : la proportion de fumeurs dans l’échantillon testé est faible. « On a trouvé seulement 5% de fumeurs chez ces patients, ce qui est très bas. En gros, on a 80% de moins de fumeurs chez les patients Covid qu’en population générale de même sexe et de même âge » précise Zahir Amoura, l’un des professeurs de médecine interne qui a mené l’étude.
Des vertus préventives dans la nicotine ?
L’observation est factuelle, mais l’explication n’est pas encore établie. Toutefois, la nicotine fait figure de favori et pourrait contenir des vertus préventives. Pour Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste et membre de l’Académie des Sciences qui a collaboré avec les chercheurs, « l’idée est que la nicotine interférerait avec l’attachement du coronavirus sur le récepteur de la nicotine, et puisse donc s’opposer à la propagation du virus ».
Les chercheurs affirment que la démonstration intéresse le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Des essais cliniques devraient débuter prochainement. Des patches nicotiniques seraient alors posés sur trois publics distincts : des patients en réanimation pour voir si les inflammations s’atténuent, sur des patients hospitalisés pour voir si les symptômes diminuent, et sur des soignants en préventif pour voir si la nicotine les protège du virus.
Les autorités sanitaires rappellent toutefois qu’il n’est pas question de faire de la cigarette un remède miracle, le tabagisme étant la première cause de décès en France. D’autant plus que l’une des hypothèses des chercheurs suggère que le sevrage brutal d’un fumeur atteint du coronavirus pourraient être un facteur aggravant.