Samedi soir, un motard percute la portière d’une voiture de police à Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine. L’accident provoque des échauffourées en banlieue parisienne.
Samedi 18 avril vers 22h, un homme âgé de trente ans circule en moto à grande vitesse dans la commune de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il heurte alors la portière d’une voiture de police banalisée, est projeté au sol et se fracture la jambe gauche.
Accident ou acte délibéré des policiers ?
Dans un communiqué, la Préfecture de Police s’empresse de clarifier les faits. Selon elle, l’accident implique « un motocycliste non casqué, circulant à vive allure, sur une moto cross non homologuée ». Elle rajoute que « voulant procéder à son contrôle, l’équipage a ouvert la portière avant-droite. Le motard manquant de renverser le chef de bord, a heurté ladite portière du véhicule de police pour finir sa course dans un poteau ».
Mais la version des policiers diffère de celles de plusieurs témoins, qui contestent la thèse de l’accident. « C’était une voiture banalisée, il ne pouvait pas savoir que c’était la police. Il roulait à fond, il allait les dépasser. Au moment où il est arrivé au niveau de la voiture, ils ont ouvert la portière d’un coup » raconte un riverain interrogé par le journaliste engagé Taha Bouhafs. Le beau-frère de la victime, quant à lui, affirme que les policiers « n’avaient pas allumé de gyrophare, ils regardent dans le rétro, il passe et comme par hasard « boum » ils ouvrent la portière ».
Karim* était en face il raconte sa version, pour lui c’était volontaire, il a aussi filmé la portière de la voiture de police après l’impact.#VilleneuveLaGarenne pic.twitter.com/LFycHpnI6x
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) April 18, 2020
Des rumeurs insistantes circulant sur les réseaux sociaux ont affirmé que la jambe de la victime avait été coupée. Il a finalement été hospitalisé pour une fracture ouverte du fémur. Il envisage aujourd’hui de porter plainte. Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête sur « l’ensemble des faits de l’accident ».
Nuits d’émeute en banlieue
Dans la foulée de l’accident, la tension est montée entre des habitants de Villeneuve-la-Garenne et les forces de l’ordre. Après avoir appelé du renfort, les policiers ont subi des jets de projectiles et des menaces de mort. La commune et le préfet des Hauts-de-Seine ayant déployé des médiateurs, le calme est revenu aux alentours de minuit. Dimanche soir, de nouvelles échauffourées ont éclaté dans la commune pendant deux heures. Les gaz lacrymogènes de l’important dispositif policier a répondu aux feux d’artifice, aux tirs de mortiers et aux incendies de mobilier urbain et de voitures.
Signe de l’extrême tension régnant dans la ville, le journaliste Taha Bouhafs a été interpellé par les forces de l’ordre alors qu’il couvrait les événements. Dans le même temps, des incidents se sont produits un peu partout en banlieue parisienne, alors que des policiers sont tombés dans un guet-apens d’une trentaine d’individus dans la cité du Mirail à Toulouse. Une situation qui rappelle les émeutes des banlieues en 2005.
.@T_Bouhafs interpellé à #VilleneuveLaGarenne. pic.twitter.com/5MqbJWjBhh
— Remy Buisine (@RemyBuisine) April 19, 2020
Villeneuve-la-Garenne, Suresnes, Villepinte, Gennevilliers, Saint-Ouen, Fontenay et Egly…
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) April 20, 2020
Cette nuit de nombreux quartiers populaires ont connu des moments de tension qui visaient particulièrement les forces de l’ordre : tirs de mortier, affrontements et incendies.
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