Jugeant que la situation a empiré depuis l’affaire Baupin, des collaboratrices d’élus lancent un site pour recueillir les témoignages de victimes de « harcèlement en politique ».
« Le sexisme n’est pas une spécificité du monde politique, nous en avons pleinement conscience, mais c’est un monde où il se manifeste avec une force et parfois une violence particulières… »
Partant de ce constat, des collaboratrices d’élus ont décidé de créer un site Internet « recensant les témoignages des femmes victimes de sexisme à l’Assemblée nationale ou dans d’autres institutions politiques », annoncent-elles dans une tribune publiée par Le Monde.
Elles disent avoir « décidé d’anonymiser les témoignages pour offrir les meilleures conditions aux collaboratrices qui souhaiteraient raconter mais souvent n’osent pas ou pour qui les conséquences seraient très lourdes. »
Leur but « n’est pas de pointer du doigt tel élu, ministre ou autre homme politique, mais d’exposer le caractère généralisé du sexisme en politique. » Et donc de contribuer à une prise de conscience et à un véritable changement.
Car l’état des lieux en la matière se serait encore dégradé depuis la mise en cause du député écologiste Denis Baupin, notent les signataires du texte et créatrices du site « Chaircollaboratrice.com », dont l’appellation même est explicite.
« A chaque affaire, le sexisme en politique fait la « une » des journaux et des JT avant de retomber dans l’oubli. A l’issue de l’affaire Baupin, l’ambiance a même empiré pour les femmes : « Attention, je vais te Baupiner », « Je peux toucher ton épaule ou c’est du harcèlement ? », « Quand même, les dénonciatrices, elles devaient avoir un mobile politique », « Baupin, mais tu sais, ce n’est pas de sa faute, c’est sa mère/sa femme ».
« La harcèlement est une réalité »
Autant de phrases recensées qui sont typiques, selon elles, « du machisme de ce huis clos politique où les femmes sont souvent perçues comme illégitimes ».
En effet, trop souvent encore, selon les femmes à l’origine de cette initiative, dans l’univers politique, qu’elles soient élues ou collaboratrices d’élus, « les femmes sont soit mal acceptées, soit regardées avec un amusement tout paternaliste ».
« Certes, tous les hommes en politique n’ont pas un comportement répréhensible, mais le sexisme et le harcèlement sont une réalité » se justifient encore les rédactrices de la tribune, qui insistent : « les hommes politiques se doivent d’avoir un comportement exemplaire dans tous les aspects de leur vie publique. »