Alors que le conflit contre la réforme des retraites entame sa quatrième semaine, cette grève pourrait devenir la plus longue de l’histoire française.
1995 : un grand nombre de Français ont encore en mémoire la grève générale qui avait paralysé les transports et le pays tout entier pour lutter, à l’époque déjà, contre la réforme des retraites. Si cet évènement représente avec mai 68, l’un des deux principaux conflits sociaux les plus marquants de l’après-guerre en France, les Français se souviennent que le gouvernement de l’époque avait fini par reculer après 22 jours de conflit.
Le 15 décembre 1995, Alain Juppé, alors premier ministre, avait en effet fini par abandonner son projet qui visait à réformer les régimes de retraite des agents des services publics et des fonctionnaires. Vingt quatre années plus tard, le renoncement de l’actuel maire de Bordeaux, lui colle encore à la peau : une situation qui pourrait bien motiver le gouvernement actuel à poursuivre coûte que coûte son projet de réforme.
Alors que le conflit a atteint vendredi 27 décembre 2019 son 23e jour, Laurent Pietraszewski, tout nouveau secrétaire d’État en charge du dossier, confirme dans le journal Les Echos : « pas question de revenir sur la suppression des régimes spéciaux ». Une position qui laisse penser que le conflit pourrait s’éterniser pour dépasser tous les records de durée de mobilisation pour une grève en France.
En marche vers une grève historique ?
Malgré la légère baisse de mobilisation (moins d’un conducteur sur deux grévistes à la SNCF), le conflit social pourrait dépasser le record de 28 jours détenu par la grève de 1986 qui luttait contre la retraite au mérite, portée par le gouvernement de Jacques Chirac. Si le gouvernement de François Fillon avait lui aussi tenté de réformer le régime des retraites en 2010, il s’était heurté à 17 jours de grève qui avait finalement fait plier le pouvoir.
Emmanuel Macron tente donc à son tour de réformer les retraites françaises, dans un pays régulièrement décrit à l’étranger comme étant irréformable. La problématique est double pour le président de la République : s’il ne renonce pas, le conflit social pourrait s’éterniser et se diriger vers une convergence des luttes. S’il abandonne son projet, cet échec pourrait lui coller à la peau durant de longues années. Les élections présidentielles de 2022 se jouent dès aujourd’hui.