La famille d’Adama Traoré, mort lors de son interpellation en 2016, demande une contre-expertise pour prouver la responsabilité des gendarmes. Un rassemblement est prévu ce soir à Paris.
Dans un contexte de défiance généralisée envers les forces de l’ordre suite au meurtre de George Floyd à Minneapolis (USA), l’affaire Adama Traoré resurgit. Pour rappel, le jeune homme est arrêté à Beaumont-sur-Oise en juillet 2016 après avoir fuit un contrôle d’identité. Il est retrouvé par les gendarmes chez un riverain, subit un placage ventral et décède deux heures plus tard à la gendarmerie de Persan.
Depuis ce jour, une bataille juridique s’est installée entre la justice et la famille d’Adama Traoré. D’expertises en expertises, les médecins excluent la responsabilité des forces de l’ordre. Les proches, eux, défendent toujours la thèse de l’asphyxie, donc de l’homicide, en s’appuyant sur les versions contradictoires des témoins, et exigent la mise en examen des gendarmes.
Une bataille d’expertises médicales
La dernière expertise en date a rendu ses conclusions ce vendredi 29 mai. Elle indique notamment que le jeune homme « n’est pas décédé d’asphyxie positionnelle, mais d’un œdème cardiogénique ». Pour Rodolphe Bosselut, avocat de deux des gendarmes, « la conclusion est très claire : le plaquage ventral qui est dénoncé depuis le début par la famille comme étant l’origine du décès vient pour la troisième fois d’être infirmé par les experts médicaux ». Selon lui, leur responsabilité ne peut pas être engagée dans le dossier.
Assa Traoré, sœur de la victime, militante antiraciste et initiatrice du Comité Adama, conteste vivement l’expertise dans une vidéo Instagram qui a dépassé le million de vues. Elle dénonce une « expertise raciste, mensongère, déshumanisante, et qui protège les gendarmes », ainsi que l’emploi de la formule « sujet de race noire ». Elle y fait également le parallèle avec Georges Floyd, qui « est mort de la même façon ». Une contre-expertise indépendante a été demandée aujourd’hui par l’avocat de la famille. Il met notamment en cause « la mauvaise qualité des experts mandatés par les juges d’instruction ».
Un rassemblement de soutien à Paris
Le Comité Adama organise un rassemblement à Paris ce soir à 19h devant le Tribunal de Paris. Une initiative largement relayée par de nombreuses personnalités qui invitent à s’y rendre pour exprimer leur soutien envers la famille et pour dénoncer les violences policières. Cet après-midi, la Préfecture de Police de Paris a communiqué l’interdiction du rassemblement, mais le comité a décidé de le maintenir.